Atelier
d'écriture :Animatrice : Diane Therrien
Sujet : L'époque de
l'adolescence des baby boomer
janvier 2013
Un vent de
changements
Pressés par nos parents, hier encore nous étions à
la messe, mon frère et moi ricanant de tout et de rien, sans trop réaliser que
nous vivions le dernier vestige d'une époque. Une à une les cloisons
s'effondraient, le joug de la religion s'émiettait libérant une lumière qui
nous enivrait. Au Québec ce fut la
Révolution tranquille.
Vint Expo 67 qui d'un coup nous fit plonger,
fascinés, dans une nouvelle vision du
monde. Nous touchions presque du doigt ces pays lointains et mystérieux que
nous ne connaissions que par les livres et qui nous avaient tant fait rêver.
Les soirées bavaroises avec leur bière en fût et les danseurs debout sur les
tables, les bottes à gogo, les jumpsuits...
Les familles comptaient en moyenne 5 ou 6 enfants,
les mères étaient à la maison pour s'occuper du mari et de la marmaille dans
tous leurs besoins. Nous n'utilisions
pas de sacs de plastique, la viande était emballée dans du papier brun et nous
n'avions presque pas de déchets. Le lait
arrivait par le laitier et le pain par le boulanger qui livraient leurs
produits à domicile. .
Je me
rappelle comme si c'était hier de cette journée passée à attendre l'alunissage
de la capsule Appolo. Un petit pas
pour l'homme, un grand pas pour l'humanité.
Les recherches effrénées des
américains pour parvenir à
envoyer l'homme marcher sur la lune allaient mener à une pléiade d'applications
civiles . Désormais l'ingéniosité
humaine nous promettait la réalisation des rêves les plus fous, un monde
futuriste où tout pouvait être contrôlé. C'était tellement réconfortant de penser que les
nouvelles technologies allaient nous délivrer des tâches les plus lourdes, des
situations inconfortables, des menaces de la nature pour nous amener, nous
téléporter presque, vers une société de loisir.
René Claude chantait ''C'est le début d'un temps nouveau'' et j'y
croyait.
Parallèlement
les Beatles nous chantaient l'amour, la guerre au Vietnam faisait rage, Bob
Dylan et John Lennon initiaient une vague pour la paix et toute une génération
rêvait d'un retour aux sources, à plus de simplicité et de naturel. Ce fut
Woodstock et l'époque des communes, de la volonté d'amour universel. Heureusement, comme il y a toujours tout et
son contraire, la pilule arrivait sur le marché. Il faut avouer que sans elle la généalogie
serait devenue plutôt complexe par la suite.
Au Québec les CEGEP voyaient le jours, toute une
génération d'étudiants allait bénéficier d'une plus grande éducation. Plus de techniques, plus de spécialisations,
la société se préparait à abandonner ses agriculteurs et à devenir
bureaucratique. L'ère des formulaires se
pointait.
Les importations japonaises envahirent le marché
et la surabondance des biens matériels, devenus bon marché rendit dérisoire la
valeur de tout le patrimoine, durement acquis par nos ancêtres. Quelques années plus tard nous allions retrouver dans de vieilles granges
abandonnées, sur le bord des routes de campagne, tous ces beaux meubles de bois
massif issus de forêts centenaires, dédaigneusement expulsés pour faire place à
de nouveaux matériaux synthétiques. Le plastique qui prenait la relève nous
semblait si pratique. L'ère de la consommation, du jetable et de l'obsolescence
se pointait elle aussi.
Puis le temps se mit à accélérer, le verbe être
céda son trône au verbe avoir et un autre cycle prit d'assaut une société ivre
de ses possessions et avide de nouveautés.
Ysabelle Filiatrault janvier
2013