Délectation
J'ai goûté la volupté
quand j'ai mangé la tarte aux pommes de
Joël Le Bigot.
J'ai également subi le malaise de ses
yeux dans mon dos,
Après mon deuxième gros morceau.
Si parfois, la timidité me paralyse,
heureusement, la gloutonnerie me tranquillise.
La gourmandise c'est une prison:
elle me place dans une disposition,
calme mes pulsions d'intimidation,
et stimule mon gorgoton.
Ainsi s'envolent les inhibitions!
Une mangue ravissante m'appelle à la
jouissance,
prête à dégouliner jusqu'au plancher?
Mon visage brille et je salive, en
songeant à ce fruit oblong, si bon.
En contrepartie, donner mon opinion
reste une punition: les mots glissent et se hérissent, et dans l'œsophage
étroit, se tapissent.
Pourtant, jamais un pâté en croûte ne
me fera fuir en croupe!
Cependant, de mon arrière bouche, jamais
de plaintes:
plus je déguste, sauces mères chaudes
et ses légumes en lamelles
assaisonnés de sel de mer craquant sous
la dent,
plus je croque ses grains avec respect et vénération,
et plus, encore, mon palais royal se régale!
Aujourd'hui, rassasiée, mes papilles
enivrées,
Canard moelleux fondant, chocolat 70%
et son coulis givré,
crème de potiron et poires au beurre
et pleins d'autres douceurs….
Mes sens sautillent de plaisir, je vis
un bonheur contagieux!
Et les mots paraissent excessifs…
Je tente quand même un bref substantif,
à l'attention de mon pâtissier
savoureux.
Merci beaucoup, Monsieur, votre
feuilleté est sublime!
Le compliment expulsé. Je peux regagner mon logis calfeutré.
En espérant être réinvitée, à déguster,
un buffet de friandises en toute
impunité.
Hélène Mayrand