Lettre à ma mère la Terre
J'ai entendu dire aux nouvelles que tu ne
te sentais vraiment pas bien ces temps-ci.
Moi aussi d'ailleurs je me sens un peu bizarre. Ça m'inquiète et je me
sens un peu honteuse d'avoir perdu le contact avec toi depuis un certain
temps. C'est que j'étais vraiment très
occupée. Laisses-moi te raconter :
D'abord j'ai dû
raser d'immenses forêts afin de créer des pâturages et des champs de culture
pour me nourrir. Tu devrais voir ça,
c'est à perte de vue! Puis il a fallut détruire
ou déloger tous ces insectes et ces animaux nuisibles qui se servaient
effrontément dans mon garde-manger.
Imagines la quantité de pesticides, de frontières et d'armes nécessaires
pour arriver à mes fins, colossal! Mais
le résultat de ces efforts s'est vite fait sentir, en peu de temps la
population s'est accrue de façon exponentielle. Alors j'ai dû construire des
villes, d'interminables routes et toutes sortes de véhicules pour que cette
manne se rende à destination.
Heureusement j'ai découvert que le pétrole, grâce à l'énergie des forêts
anciennes qu'il contient, pouvait faire avancer les choses plus vite, un peu
comme emprunter sur les réserves du temps passé. J'ai profité de cette découverte pour bâtir
des usines, harnacher des rivières, ratisser les fonds marins, bâtir et
inventer plein de nouveaux
matériaux.
Comme tu vois il
m'est resté très peu de temps à te consacrer.
Toutes ces choses que j'ai trouvé si ''importantes'' à faire m'ont fait
ignorer les dommages que je te causais en détournant ta substance à mon
profit. Au début j'étais si fière de
toutes mes réalisations, je crois même avoir été vaniteuse, mais plus le temps passe et plus
je me sens esclave du mode de vie que je me suis créé. J'ai l'impression que le temps s'accélère et
qu'il m'en reste de moins en moins pour m'arrêter et ressentir l'harmonie et
l'équilibre de la vie et pour regarder
ton infinie beauté, en apprendre les lois et m'en inspirer. C'est comme si ma propre création prenait ma
vie en otage et m'asservissait trahissant les espoirs que j'avais mis en
elle. Dis-moi ma mère la Terre, est-ce
que tu as cette même impression quand tu penses à moi?
Il m'a fallut
détruire plusieurs de tes écosystème avant de comprendre que la vie était un
tissu d'interrelations qu'il fallait aimer et protéger comme soi-même pour que l'oeuvre d'évolution
se poursuive dans la suite des
âges. J'avais oublié que de l'origine
jusqu'à moi c'est par la succession des formes du vivant tu t'étais doté d'yeux
et de conscience pour manifester l'amour.
Je t'aime ma
Terre, j'ai la nostalgie de tes sources et de ton air pur. Je veux entendre ton appel à l'harmonie,
n'être heureuse que dans le respect de toutes tes formes, prendre le
temps de te contempler pour me refaire une âme.
Ta fille
Humanité