Des mots
étendus sur les pages des dictionnaires
qui
sortent rarement de leur tanière
sont venus
prendre l'air
lors de l'atelier de Pierre
Alexis était mon meilleur ami. Dès notre première rencontre les lazzi
fusaient de part et d'autres et il n'en fallut pas plus pour que nous nous
accointâmes pour partager notre temps libre.
Or nous avions une passion commune, visiter les malades pour leur
apporter un peu de réconfort. D'un
commun accord nous avions choisi le sanatorium car les visiteurs y sont plus
rares. J'avoue qu'un tel endroit peut
paraître accidentogène, du moins au figuré...ou presque...un bacille reste
quand même un tueur potentiel!
Nous
en avons visité des malades pendant les nombreuses années passées ensemble mais
avec le temps je sentis qu'Alexis se dépassionnait de nos activités, la
tessiture de sa voix me semblait perdre en ampleur et gagner en trémolos.
C'était ostensible, non pas ostentatoire parce que jamais Alexis n'aurait voulu
provoquer la pitié de qui que ce soit avec sa détresse, mais il ne la cachait
pas, tout simplement. C'est vrai qu'avec des écrouelles j'aurais probablement
agit comme lui.
Alexis
est maintenant guéri mais il ne visite plus les tuberculeux, sa nouvelle
passion c'est l'observation des fourmis et nous avons beaucoup de plaisir à
arpenter ensemble les terrains loameux pour découvrir ensemble la myrmécofaune
.
Il
fallait bien finir ce texte en beauté!
.
Ysabelle Filiatrault
mars 2014